Une soirée pas comme les autres (PV Dave Nowney)

Sitôt avoir fermé la porte du café à double tour, Holly prit la direction de l'internat.

Les pavés irréguliers de la route rustique l'empêchaient de progresser aussi rapidement qu'elle le voulait. Ses talons se prenaient dans chaque irrégularité du chemin. Elle eut quand même le temps de changer de tenue, d'enfiler une robe plus ou moins habillée et de se brosser les cheveux. Elle se regarda en un coup de vent dans le miroir. Son reflet était magnifique.
Redescendue au rez-de chaussé, il lui fallait encore traverser la moitié de l'internat pour arriver à son lieu de rendez-vous. Malgré l'incommodité de ses chaussures, elle commença à trottiner.
Passé l'arche de pierre accueillant les élèves en temps normal, elle commença à chercher Dave dans la pénombre du soir.
Il était là, appuyé contre le tronc de l'arbre centenaire, quand il la vit, il se redressa et vint à sa rencontre.
A compter de ce moment, les heures, les minutes, les secondes n'eurent plus aucun intérêt, Holly ayant mit son don à profit...

Allait-elle venir ? Il n'en savait rien. En tout cas, il en avait envie. Il commença à devenir inquiet, mais se ressaisit. Pourquoi ne viendrait-elle pas ?
Il respira un grand bon l'air frais. La nuit commençait à tomber. En ce moment, il devrait se trouver dans un dortoir, couché sur son lit. Mais là, l'occasion ne se présenterait plus. Il regarda la montre sur son poignet : il était huit heures quarante. Elle était en retard.
Il s'appuya contre un vieil arbre. Il faisait froid.
Il attendit cinq minutes. Et soudain... Il entendit une voix, aussi belle qu'un clair de lune, s'élever. Il sourit. Elle était là.

Je suis vraiment désolée pour le retard. Tu ne m'en veux pas?

Il sourit encore une fois, et s'approcha d'elle, sans parler, et regarda sa montre. Toujours huit heures quarante... Il regarda les yeux pétillants de Holly. Elle s'était servie de son Don... Il la fixa dans les yeux, pendant une vingtaine de secondes. Puis, il lui murmura en riant :

.

Et cela était vrai. Il était incroyablement séduisant.
Elle passa devant lui et alla s’asseoir sur l'un des bancs qui entouraient le vieux chêne.
La lumière tamisée était propice à ce genre de rendez-vous. Les feuilles encore vertes, malgré la saison, filtraient les rayons de lune, qui dessinaient de petits ronds lumineux à même le sol. Un de ces faisceaux lumineux s'était posé sur le visage de Dave, l'éclairant partiellement. Un partie de son doux visage était dans l'ombre, alors que l'autre face semblait resplendir dans le soir.
Se tournant lentement, il vint se poser à côté d'elle.
Doucement, elle se blottit contre lui. La bise de la nuit la faisait frémir.
Elle posa alors sa tête sur son torse chaud. Là, plus aucun frisson ne vint secouer son corps fragile...

Il lui sourit, encore une fois. Combien de fois lui avait-il déjà souri ? Il n'en savait strictement rien, à vrai dire...
Il préféra la regarder, elle, poser sa tête sur son épaule. Il eut plus chaud que d'habitude... et il sourit, encore une fois.
Depuis combien de temps se connaissaient-ils ? Quelques jours ? C'était un peu trop tôt pour entamer une relation, du moins c'est ce qu'il estimait. Et pourtant ! Il la regarda fermer ses yeux par plaisir, et il clôt les siens également.
Juste sentir son parfum doux, et sa peau contre la sienne... Il rouvrit les yeux, et regarda machinalement sa montre. Vingt heures quarante...
Il sourit à nouveau. Il souriait beaucoup... mais cela était bon pour lui. Il regarda son visage parfait, puis sentit ses yeux picoter. Il commença à parler seul, sans s'en rendre compte, en fait. Sûrement pensait-il penser...


Il marqua une pause, puis continua :

Ça fait pas longtemps qu'on se connaît. Et... j'ai beau essayer de tourner et retourner ce problème dans tous les sens, je pense que je n'arrive pas à imaginer ma vie sans toi. Je vais pas me perdre dans de grandes déclarations... De toute façon, ce n'est pas mon genre. Tu... Tu me donnes ce goût de vivre, et je...

Il se tut, guettant sa réaction. Il en avait peur, mais se lança et fit de sa voix mélodieuse :

Je t'aime, Holly.

La tête posée sur l'épaule de Dave, elle écoutait les battements de son coeur. Cette proximité avec un garçon ne la gênait pas le moins du monde. Et pour cause, ce n'était pas un garçon quelconque. Celui-là était différent des autres, elle le sentait. Sa façon de s'ébouriffer les cheveux toutes les 5 minutes, son obstination à ne pas nouer sa cravate dans les règles de l'art, son visage angélique et son incroyable douceur contribuaient à en faire un être à part. Avec n'importe quel autre personne du sexe opposé, elle aurait omis des objections, elle y serait allée avec des gants, mais là, il la faisait fondre complètement.


Puis, s'en suivit un silence profond, dans lequel on aurait pu entendre une mouche voler.


Allait-il avoir le courage de le dire? Elle retint son souffle. Son coeur commença à battre la chamade.


Là, ce fut une explosion de joie en elle. Pourtant, elle n'en fit transparaître aucune trace.
Elle releva sa tête et plongea son regard dans le sien, comme elle l'avait fait si souvent. Ce moment était parfait. En aucun cas, elle n'aurait voulut qu'il se finisse.

Je... je ne sais que dire. Si ce n'est que ce que tu ressens pour moi, je l'ai ressentis pour toi, dès la première seconde où je t'ai vu. C'est bête, hein? Tu avais l'air tellement furax que je t'aie bousculé. Tu te souviens de ce fameux jour? Dans la bibliothèque.Enfin, bref, je parle trop. Tout ça pour te dire que je t'aime. Aussi fort que mon coeur puisse aimer quelqu'un...

Elle ne refusait pas, contrairement à sa crainte. Elle acceptait. Elle souriait. Elle brillait de tous feux. Elle semblait presque heureuse. Il ne voulait pas que se moment termine... Il ne voulait pas, en aucun cas. Il savait qu'un surveillant allait sûrement venir et leur demander de se coucher, il devait être prêt de onze heures... Lorsqu'il se rappela d'un détail. Holly avait utilisé son Don... Il sourit.
Il posa la tête de la jolie Night sur son épaule, le coeur battant la chamade. Il rit doucement, silencieusement, de sorte à ce qu'elle seule puisse l'entendre, et lui murmura :

Tu sais... J'ai vraiment cru que tu allais me planter là.

Elle ne lui répondit pas, mais se contenta de lui sourire. Il lui rendit la pareille. Ils restèrent encore là, pendant un bon bout de temps à penser. Juste penser. Qu'est-ce qu'ils étaient bien, là, sans personne pour les déranger. Ils n'avaient pas forcément besoin de parler pour se comprendre. Soudain, la bise nocturne se fit plus fraîche. Holly fut secouée de petits soubresauts, dû au vent piquant du soir. Rehaussant ses paroles de son rire cristallin, elle lui répondit: